lundi 19 juillet 2010

Bye Bye 2009-2010

Saison 2009-2010

Giselle
Jean Coralli et Jules Perrot (via Marius Petipa), version Patrice Bart et Eugène Polyakov
24 septembre-12 octobre 2009, Opéra Garnier
Programme  - Recension28 septembre 2009 - Rencontre
Stéphane Bullion - Isabelle Ciaravola
Joyaux
George Balanchine
25-28 septembre 2009, Montpellier, Le Corum
1-4 octobre 2009, Grenoble, MC2 
21 octobre-18 novembre 2009, Opéra Garnier
Programme - Recension - Gil Isoart

Amoveo / Répliques / Genus  
Benjamin Millepied, Nicolas Paul, Wayne McGregor
7-22 novembre 2009, Opéra Garnier
Programme - Recension - 22 novembre 2009 - Répliques
Stéphane Bullion - Isabelle Ciaravola
Rencontre Répliques - Nicolas Paul

 
Casse-noisette 
Rudolf Noureev d'après Marius Petipa et Lev Ivanov
11 décembre 2009-11 janvier 2010, Opéra Bastille  
Karl Paquette étoile


Hommage aux Ballets russes 
Le spectre de la rose/Après-midi d'un faune/Le Tricorne/Petrouchka
Michel Fokine, Vaslav Nijinski,  Léonide Massine, Michel Fokine
12-31 décembre 2009, Opéra Garnier
Programme - Recension- Gala - Images

La Dame aux camélias 
John Neumeier
2 février-4 mars 2010, Opéra Garnier
Programme - 2 février 2010 - Recension

Siddharta 
Angelin Preljocaj - DVD Siddharta
18 mars-11 avril 2010, Opéra Bastille
Programme - Recension - 31 mars 2010 - Rencontre
Stéphane Bullion - Alice Renavand DVD Siddharta


Hommage à Jerome Robbins 
En Sol/Triade/In the Night/Le Concert 
Jerome Robbins, Benjamin Millepied
21 avril-8 mai 2010, Opéra Garnier
Programme - Recension


La Bayadère 
Rudolf Noureev d'après Marius Petipa
17 mai-2 juin 2010, Opéra Garnier
Programme - Recension - Rencontre
Stéphane Bullion étoile

La Petite danseuse de Degas 
Patrice Bart
29 juin-14 juillet 2010, Opéra Garnier 
Programme



Kaguyahime 
Jiří Kylián
11 juin-15 juillet 2010, Opéra Bastille
Programme - Recension 
Céline Talon

    jeudi 15 juillet 2010

    Adieux de Céline Talon


    Dernière représentation pour Céline Talon dans la dernière Kaguyahime

    samedi 10 juillet 2010

    Kaguyahime



     Alice Renavand

    En faisant entrer Kaguyahime avec une scénographie légèrement modifiée dans son répertoire, le ballet de l’Opéra de Paris s’ouvrait pour la fin de la saison une porte vers un nouvel exotisme du mouvement. Transporté dans un Japon de légendes, le spectateur oscille entre le décalage visuel d’une Kaguya éthérée, princesse lune aux sinuosités lentes et précises, le monde paysan chatoyant, dynamique, qui l’accueille, le monde citadin où souffle précipitation et violence, et la Cour de l’empereur, lente et majestueuse, empesée et dominatrice.

    Prétendant
    Stéphane Bullion


    Kaguyahime est un spectacle total où la musique prend souvent le pas sur la chorégraphie. Jiří Kylián  confie volontiers que l’idée du ballet lui vient de Maki Ishii, le compositeur et cela se voit. La chorégraphie est souvent drainée par les sonorités surpuissantes, les percussions se dressant comme maîtres de la scène, au propre comme parfois au figuré. Elle mixe aussi des sons traditionnels des joueurs de Gagaku, emblèmes de la princesse et de la Cour, du raffinement des mouvements de Kaguya à ceux de l’empereur dont la noirceur inquiétante, mais somme toute bienveillante, n’a d’égale que le doré de ses richesses, et les sonorités des tambours de Kodo qui rythment les évolutions exacerbées des villageois et des citadins. Un être à part, la princesse, évolue dans le souffle discret des sons graciles et épurés, alors que le monde terrestre prend plein pied dans le vacarme de la vie, ou de la singularité, le Mikado, Dieu vivant reliant les deux mondes.

    Le Mikado
    Stéphane Bullion

    Le conte de l’enfant lunaire trouvé dans un bambou par un paysan qui l’élève et fait éclore la princesse de la Lune désirée par tous expose une philosophie de l’envie et de la possession à travers une violence physique ou morale à laquelle s’oppose un détachement, un repli intérieur. De son costume moulant qui la distingue, elle tire des mouvements non moins spécifiques et énigmatiques qui contrastent avec les autres danseurs et son chignon perlé qui dessine un visage sophistiqué s’oppose aux cheveux longs ou volants des paysannes.

      Agnès Letestu

    Au delà de cette mise en condition, les lumières qui mettent en exergue les évolutions de Kaguya sont toujours ambiguës et ne livrent pas forcément des clés. Elles soulignent largement les équilibres d’un être de passage alors que  la gestuelle du haut du corps introduit le déplacement.
    La Princesse est décalée dans sa danse comme dans son apparence et les seuls moments où elle semble goûter aux joies de ce monde, pendant la célébration d’une fête paysanne, sont brefs. Elle y est d’ailleurs plus spectatrice que participante. Comme étrange étrangère.


    Alice Renavand


    Alice Renavand en fait un mystère, une sorte de masque imperturbable qui communique ses états d’âme par son corps, sinueux, serein, violent ou circonspect ; Marie-Agnès Gillot en souffrance dès son apparition dans les bambous traverse le ballet un peu mécaniquement ; Agnès Letestu est la plus "autre", parlant souvent uniquement avec son regard perçant qui seul dévoile un peu sa position incongrue dans ce monde. Le visage est fermé et les éclats de lumière dévoilent ce qu’il reste lorsque les émotions ont disparu.

     Agnès Letestu

    La naissance tranquille de la légende sur son piédestal dans une demi-pénombre laisse les prétendants se vêtir pour leur exercice de conquête. C'est à la fois une ambiance, une entrée dans un monde, mais aussi une indication d'une gestuelle millimétrée, lente et réfléchie à l'extrême.

    La préparation
    Stéphane Bullion

    Ces prétendants sympathiquement démonstratifs expriment en vain leur amour, en théorie s’appliquent à réaliser les défis imposés pour séduire la princesse, aux villageois simplement souriants, un environnement se construit autour de l’histoire. Les danseurs de la compagnie se succèdent presque anonymement dans ces rôles participatifs qui ne mettent en exergue qu’un style de danse énigmatique et envoûtant. Chacun cependant se personnifie dans une gestuelle qui lui est propre qui évolue dans le crescendo de la musique qui  consacre le dernier refus de Kaguya, et ouvre vers le monde des villageois.

    Prétendant
    Nicolas Paul


    Tout se finirait semble-t-il joyeusement si les noirs citadins dans une démonstration de force ne venaient perturber la fête, rivalité technique et parfois acrobatique, le challenge est tout autre que la séduction de la princesse. Sauts et puissance, vitesse et souplesse, tous les moyens sont bons pour prouver sa supériorité. Rivalité de virtuosités chez les danseurs. Les citadins agressifs surgissent sur scène alors que les villageois subtils du début se transforment en véritables tigres pour défendre leur protégée. Les tambours se déchaînent et emmènent cette démonstration au paroxysme de l'énergie en jouant eux-mêmes sur scène dans des halos de lumières qui finissent stroboscopiques.

    Le combat
    Stéphane Bullion
     
    Au chaos ultime qui vient de se vivre, l'atmosphère sereine de la Cour se distingue. Mais la présence magique de l’Empereur ne modifie pas le destin de Kaguya qui est de repartir sur la Lune. Deux hommes accompagnent l'empereur pour tenter l'ultime séduction. Une chorégraphie à nouveau très différente de ce qui caractérisait les autres moments. Comme Kaguya, l'empereur possède une gestuelle précise qui le contient dans le hiératisme de sa fonction. Avec ses aides, il tente de s'imposer par le regard et dans une série de glissés plutôt que de portés. Un rôle effacé sur le plan de la danse mais capital du point de vue de la théâtralité, lui aussi en forme de rappel de la tradition japonaise et particulièrement magnifié par Stéphane Bullion.

    Le Mikado et Kaguya
    Stéphane Bullion - Marie-Agnès Gillot

    Instant de grâce surréelle, Kaguya hésite, se confronte au choix de l’attraction terrestre mais à l’appel de la lune, quitte l’empereur et son monde de contraintes.

    Le pessimisme du thème du ballet qui  chemine entre moments d’intensité et de recueillement se révèle une expérience très positive pour la réflexion dans la perspective de la pause estivale qui suit cette dernière œuvre de la saison. Elle  laisse en tout cas un énorme sentiment de plaisir, sur scène où les danseurs les plus contemporanéistes de la compagnie se succèdent et parfois alternent dans des rôles aux accents anonymes. Ceux-ci sont pourtant tous d'un niveau de technicité et les danseurs les incarnent à merveille sans que la hiérarchie dévolue dans la compagnie n'ait d'emprise sur leur visibilité tant  Kaguyahime est un ballet de groupe.


    Les joueurs de Gagaku
    Les joueurs de Kodo et de l'ensemble invité, les danseurs de l'Opéra de Paris


    Merci à tous, à ces musiciens enthousiasmants, et à tous ces danseurs de l'Opéra de Paris de nous offrir une si belle conclusion à cette magnifique saison de ballet.

    vendredi 9 juillet 2010

    La Petite danseuse de Degas 29 juin-14 juillet 2010

    La Petite Danseuse de Degas
    Ballet en deux parties
    Sujet de Martine Kahane et Patrice Bart
    Musique originale - Denis Levaillant
    Chorégraphie et mise en scène - Patrice Bart
    Décors - Ezio Toffolutti
    Costumes - Sylvie Skinazi
    Lumières - Marion Hewlett
    Assistante du chorégraphe - Claude De Vulpian
    Orchestre de l'Opéra national de Paris
    Direction Musicale -  Koen Kessels
    Ballet créé pour le ballet de l'Opéra de Paris le 23 avril 2003


    La Petite danseuse
    Clairemarie Osta
    Argument (source: Programme Opéra national de Paris)

    PROLOGUE - LA VITRINE DU MUSÉE
    La Petite Danseuse est immobile dans la vitrine du musée. Les personnages qui ont influencé son existence apparaissent: sa Mère, la Danseuse étoile, le Maître de ballet, l'Abonné, et l'Homme en noir.
    Ils la ramènent peu à peu à la vie et racontent son histoire.

    ACTE I
    PREMIER TABLEAU - PLACE BRÉDA, À PARIS
    Au lever du jour, la vie de la rue s'anime et, avec elle, son cortège de petits métiers: lingères, fleuristes, vendeurs de journaux, vitriers, garçons boucher, mitrons... mêlés aux fêtards attardés et aux prostituées qui attendent le dernier client. Conduite par sa Mère, la Petite Danseuse se rend, comme tous les jours, à l'Opéra pour suivre son cours de danse.

    Le maître de ballet
    Vincent Chaillet


    DEUXIÈME TABLEAU - À L'OPÉRA, DANS UNE CLASSE DE DANSE
    Sous la surveillance de leurs mères - les tricoteuses, assises autour du poêle à charbon -, les danseuses travaillent à la barre les exercices quotidiens sous la direction du Maître de ballet. Un violoniste accompagne le cours. Les abonnés, habitués des coulisses de l'Opéra et «amateurs» de petits rats, assistent également à la classe.


    La danseuse étoile
    Emilie Cozette

    La Danseuse étoile fait son entrée.
    Les élèves l'admirent, la Petite Danseuse rêve alors qu'elle pourrait être, elle aussi, une étoile. La Mère la rappelle à la réalité: loin de l'idéal romantique, l'argent impose aussi ses exigences. La classe reprend. Le Maître de ballet poursuit sa leçon et montre les pas. Le cours terminé, les élèves se dispersent, et le Maître de ballet reste seul avec l'Etoile. Tous deux répètent une variation sous le regard admiratif de la Petite Danseuse, dissimulée dans un coin de la classe. Transportée, elle sort de sa cachette et se joint à eux.
    L'Étoile, objet des fantasmes de la Petite Danseuse, lui montre sa voie. L'Homme en noir, projection symbolique de sa destinée, apparaît à son tour et tente de saisir la Petite Danseuse qui lui échappe et se retrouve dans l'atelier de l'artiste.
    La danseuse étoile
    Emilie Cozette

    TROISIÈME TABLEAU - L'ATELIER DE L'ARTISTE
    Dans son atelier, l'artiste peint - de dos - (est-ce l'Homme en noir?). Les modèles se rhabillent. L'Abonné les attend patiemment pour les accompagner dans quelque autre endroit plus festif. Une statue encore inachevée trône au milieu de la pièce. Elle ressemble à une jeune fille, probablement une ballerine!
    La Petite Danseuse, toujours accompagnée de sa Mère, découvre cet univers étrange. Fascinée, elle en explore les moindres recoins (elle n'en remarque pas moins la présence de l'Abonné, peut-être l'homme idéal...)

    L'Artiste et la Petite danseuse
    Yann Bridard - Mélanie Hurel


    L'artiste fait poser la Petite Danseuse et la modèle.
    Puis, aspirée à nouveau par son destin, elle est conduite sur la scène de l'Opéra, où quatre ballerines répètent leur variation pour le bal du soir.

    QUATRIÈME TABLEAU LE GRAND BAL DE L'OPÉRA
    Les invités se pressent autour du grand escalier. Le Tout-Paris se retrouve pour le Bal de l'Opéra. L'Abonné s'y distingue, assorti de quatre jeunes prétendantes, et se complaît en mondanités. L'Étoile et le Maître de ballet ouvrent le bal. Tout le monde s'arrête de danser pour admirer le divertissement de quatre danseuses.
    La Petite Danseuse se met en quête de l'Abonné (remarqué plus tôt dans l'atelier de l'artiste) et décide de provoquer le sort. Elle va de couple en couple, semant le trouble parmi les invités. Enfin, elle le retrouve. Tout se fige alors et comme dans un rêve, elle l'attire à elle, entreprenant de le façonner tel qu'elle aimerait qu'il soit: l'homme idéal. Mais elle comprend que tout cela n'est qu'une illusion.
    Le bal se disperse et la Petite Danseuse reste seule avec sa Mère.

     La Petite danseuse et l'Abonné
    Mélanie Hurel - Yann Saïz

    ACTE II
    PREMIER TABLEAU - LE MIROIR

    La Petite Danseuse est assise dans un coin. La Mère est face à son miroir qui lui renvoie l'image de son double, reflet de sa vraie personnalité, ambitieuse et vénale. Comme possédée, la Mère emporte alors sa fille au cabaret.

    La chanteuse de Caf'Conc et un serveur
    Stéphanie Romberg - Fabien Révillion

    DEUXIÈME TABLEAU - AU CABARET «LE CHAT NOIR»
    Gens de la rue et gens du monde s'encanaillent. L'Homme en noir est aussi présent. Sous la houlette d'une chanteuse de «caf'conc' » meneuse de revue, des danseuses de cancan se déhanchent, entraînant serveurs et musiciens. L'Abonné est aussi un habitué des lieux. La Petite Danseuse décide une nouvelle fois de le séduire. Sous le regard complice de sa mère, elle l'aguiche. D'abord maladroite, elle se laisse ensuite prendre au jeu, et, dans un excès soudain, lui subtilise son portefeuille.
    Mais l'Abonné la prend sur le fait et la dénonce. La confusion s'installe. La Petite Danseuse, devenue voleuse, est arrêtée.
    La mère, la Petite danseuse et l'Abonné
    Nolwenn Daniel - Mélanie Hurel - Yann Saïz


    TROISIÈME TABLEAU - LA PRISON SAINT-LAZARE
    Dans une cellule, la Petite Danseuse se désespère. En proie à des hallucinations, elle est confrontée en songe à l'image double de sa mère, instrument de son malheur.
    La Danseuse étoile, vient alors la délivrer de son emprisonnement et de la malédiction maternelle. L'entraînant dans son sillage, elle lui montre à nouveau sa voie, mais le destin en décide autrement...

    Les blanchisseuses

    QUATRIÈME TABLEAU - LES BLANCHISSEUSES
    Désavouée par l'Opéra, la Petite Danseuse sera désormais blanchisseuse. Elle bat le linge entourée d'autres jeunes filles, qui, toutes de blanc vêtues, vont et viennent dans la buée épaisse. La Petite Danseuse s'évade de son travail  par le rêve. Elle veut échapper à son misérable sort. Devenues figures fantomatiques, les blanchisseuses tentent de la retenir dans leurs draps, pareils à des linceuls, tandis que la Petite Danseuse espère la venue salvatrice de l'Étoile et du Maître de ballet.

     L'homme en noir et la Petite danseuse
    Yann Bridard - Mélanie Hurel
    ÉPILOGUE
    La Petite Danseuse est seule lorsque surgit derrière elle l'Homme en noir. Rattrapée par son destin, elle ne peut plus lui échapper. Celui-ci, tel un sculpteur, lui rend sa forme première de statue et la remet à sa place dans la vitrine. Délivrée de sa condition humaine, la Petite Danseuse, devenue œuvre d'art, est immortelle.